Ce matin, je découvre sur linkedin un post de Pascal Demurger dirigeant la MAIF annonçant le passage de la mutuelle à entreprise à mission.
Spontanément, je me dis. "C'est chouette de voir une mutuelle de cette taille devenir entreprise à mission."
Puis, je lis le quadriptyque de leurs missions:
✔️ Epanouissement des collaborateurs ;
✔️ Satisfaction des clients ;
✔️ Niveau d’impact sur l’environnement et la société ;
✔️ Performance économique.
Quelques choses me titillent:
Quel est le sens d'un "niveau d'impact sur l'environnement et la société" ?
Quel est le sens de la notion de "performance économique" pour une société d’assurance mutuelle à but non lucratif telle que la MAIF ? Ne devraient-ils pas mettre plutôt la "pérennité économique" de la mutuelle ? Et dans ce cas pourquoi ne pas le mettre explicitement ?
Comment concilier l'épanouissement des collaborateurs et le niveau d'impact sur l'environnement ?
Comment concilier les conflits entre le niveau d'impact sur l'environnement et la performance économique qui dans certaines activités peuvent être totalement antinomiques ?
Je me sens d'autant plus concerné que je suis client, sociétaire de la MAIF. Lors de mon inscription, j'ai été appelé par un mutualiste pour m'accueillir. J'ai vraiment senti un comportement différent et plus humain pour cette mutuelle par rapport à d'autres assureurs. Ne voyez pas ici une critique de la Maif.
Je pousse plus loin et je vois que la notion d'entreprise à mission a été intégrée dans la loi pacte
https://www.economie.gouv.fr/loi-pacte-redefinir-raison-etre-entreprises#
Là encore, je comprends l'objectif de la loi pacte d'intégrer dans la loi la notion d'intérêt collectif pour les entreprises. Il me semble que cette notion existe déjà dans les SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) ou même les sociétés d’assurance mutuelle à cotisations variables. Je comprends la volonté de faire avancer certaines idées par de petits pas. Cette approche, que je trouve louable, n'est elle pas fallacieuse dans le système de fonctionnement actuel de nos démocraties et de l'économie? Ne risque-t-on pas de tromper les parties prenantes de la mutuelle (Salarié, Client, partenaires) sur des missions qui ne seraient pas vraiment alignées avec le chamboulement actuel)?
Depuis une quinzaine d'années, nous avons vu fleurir dans les entreprises des raisons d'être fallacieuses qui ont totalement décrédibilisé l'approche du pilotage de l'entreprise par la raison d'être à laquelle j'attache beaucoup d'importance. J'en profite pour partager avec les salariés de ces entreprises que l'approche par la raison d'être peut être une belle voie de sortie du marasme actuel dès lors qu'on sort de la communication, du marketing et de la volonté de motiver les troupes pour aller vers une raison d'être qui fait sens pour tout le monde et qui est alignée avec les besoins de notre planète.
Et si toutes ces actions nous conduisaient à du washing purpose.
Après 20 ans de green washing qui montre bien les artifices qui ont été mis en place pour ne rien faire pour l'environnement. On en arrive à des délire comme des droits de polluer négocier sur des marchés financiers. Et si toutes ces notions partant d'un bon sentiment pouvaient servir le statut co de toujours au toujours plus de profits pour une société toujours plus financiarisée.
Est-il vraiment possible d'être une entreprise à mission dans ce contexte de société ?
Une vraie mesure ne serait elle pas que les fonds publics ne puissent être utilisés qu'avec des entreprises d'intérêt collectif ne pouvant à la limite que réintégrer leurs bénéfices dans l'organisation ?
A l'heure du réchauffement climatique, de la pénurie annoncée de matières premières, n'est il pas venu le temps des entreprises ou plus largement des organisations à mission pour la gestion de tous les communs (eau, électricité, routes, forêt, alimentation collective,...) ?
Pensons à ce qu'était EDF et à ce qu'est en train de devenir EDF...